Artiste professionnel. Une terminologie que je ne veux pas assimiler, que je comprends mais qui m'exaspère. Pour moi le modèle de sacerdoce artistique à toujours été Van Gogh. Il n'a quasiment jamais mangé de sa peinture, mais il n'a rien lâché, jusqu'à la démence. Pendant longtemps j'ai espéré devenir vraiment barge  pour pouvoir me faire enfermer, grâce à un bon art-thérapeute. Le but étant de n'avoir comme objectif que de créer encore et toujours plus, sans aucune autre chose à avoir à penser.

 

   L'art n'est pas un métier, c'est une impossibilité à faire autre chose, autant d'investissement, de passion, de dialogues internes... Ce n'est pas un métier, je reviens sur un terme, pour moi c'est un sacerdoce. L'on devient professionnel quand on a la chance de rencontrer un public qui soutient votre démarche.  Mais si seulement tout cela était si simple. Aujourd'hui comme certainement de tout temps, l'artiste pour être professionnel doit se vendre. Pour être professionnel, celui qui ne voue ses pensées qu'à son art se doit de devenir marchand. Je ne ferai pas ici de pamphlet sur mon idée de ce qu'est l'argent, mais il ne s'agit dans la professionnalisation de l'art que de chiffrer son travail dans l'éventualité de l'appropriation de votre création par un futur acquéreur.

 

    Pour faire bref, je me pense incapable de donner une valeur à mon travail:
-une feuille de papier aquarelle: 50cents
- quelques coups d'un crayon qui m'a couté 10cents chez un déstockeur, soit pour quelques coups, une "taille" environ de celui-ci, soit approximativement 0,0004356 cents.
-quelques tâches d'une aquarelle en solde à 1euro le tube, mêlée à de l'eau... Non, vous voyez bien ça devient déjà compliqué pour calculer le prix de l'eau.

Et que dire pour facturer le temps de travail. Si l'on part du principe qu'en tant qu'artiste nous ne faisons qu'appliquer des techniques apprises...
    Ok, je pense que l'on est d'accord: un artiste n'est pas une machine outil...
    Comment donc évaluer la valeur du temps passé pour des recherches qui parfois peuvent prendre des années?

 

   Alors, il est convenu qu'un "artiste réussi" l'est à 40ans. Avant, ne comptez que sur votre argent, votre rage de chacal, votre « modulabilité » ou votre bol!!! Le bol, ce n'est jamais que La personne.

 

   Je crois m'écarter encore du sujet,  la question c'était: artiste professionnel?
Le fait est que nous vivons d'argent. Et je n'ai pas encore la force de m'écarter de notre monde, et je ne suis pas aussi "fou" que l'Autre Vincent pour me faire enfermer dans un atelier...
    Comme je n'ai pas encore eu La rencontre du mécène ou de l'agent tant attendu, je dois bien donner un prix à mes croûtes tel un artisan à son compte. J'ai beau avoir beaucoup travaillé dans le commerce (bar, resto, cabarets, fringues...), avoir fréquenté de nombreuses expositions et ventes d'œuvres d'autres personnes ayant la même vanité de se considérer comme artiste, des gens comme moi, et malgré ma connaissance du "marché" de l'art vivant, l'écueil de prix qui peut exister entre des œuvres du même format, dans la même technique, me paraît extravagant. Soit je me considère comme une merde (ce qui aurait tendance à être mon habitude) soit je regarde le plus objectivement possible mon travail, avec mes outils intellectuels, je me compare au marché, auquel cas, certains trouveront toujours que je me la raconte...
    Demander à des amis... Ça peut faire très mal au cœur, croyez en mon expérience!
    Et si c'était vous qui me proposiez votre prix! Après tout, c'est vous qui le voulez, alors vous êtes prêts à mettre combien dans cette feuille de papier griffonnée et tachée... Pas simple, mais j'ai fait ce choix!


Toute proposition que je ne considèrerai pas comme honnête, dans toute la largeur de ce terme, ne fera rire que vous si elle est moqueuse, ne me touchera pas si elle est méprisante,

me fera rire nerveusement si elle dépasse les 1000 euros!!!
Merci pour votre lecture!