Je n'ai jamais tué personne, février 2013

série de 4 autoportraits photographiques numériques

tirage envisagé...

Attention , à tous ceux qui préfèrent laisser divaguer leur imagination...

Ne pas lire!

Quelques clefs pour ceux qui en auraient besoin...

 

Je brandis une prise de terre. Comme Sharon Stone dans « basic instinct », comme dans le meurtre scénarisé de Luka Magnotta. Je tente d ‘asséner le coup fatal à ma victime : mon visage moulé associé a un mannequin de plastique. L’Autel est à la gloire de l’association de la machine et de la religion incarnée par le platre de Sainte Thérèse de Lisieux. Au mur, un canevas représentant des chevaux : le canevas est là pour insufler  la douceur du foyer  mais aussi la fenêtre qui est en train de se refermer… (1).

L’identité devient fantomatique quand je retourne  l’arme vers  mon ventre.

 

L’homme a terre était-il déjà mort ?…

C’est le geste ou le décor qui conduit à cette fin, se suicide-t-on ? sommes-nous suicidés ?

 

Choix du Noir et Blanc : cf.les revues de « détectives », la banalité d’un torchon, d’un fait divers…

 

(1). Le canevas est pour moi un des emblêmes de « l’œuvre d’art maison ». Les travaux manuels comme espoir de s’émanciper un temps du quotidien ouvrier.Il est encadré fiérement et exposé aux yeux de tous…

 

 

Au moins une fois par jour, je me pause cette question :

« Si je meurs, là, à l’instant même, serais-je heureux de partir ? »

La réponse est l’occasion de faire un survol rapide de son état d’esprit, de son état de force, de ce qui nous maintient en vie, des espoirs et des envies, de l’état du quotidien, des finances , et/ou de la santé…

Et puis il y a les autres, le grand problème des autres. Je dis problème, car dans les moments où j’aimerai me foutre en l’air, les autres m’insupportent !

 

Pourquoi cette question du suicide :

                Dans l’actualité quasi quotidienne,edf, la poste, orange… un suicide : le geste irréversible pour s’anihiler. Le geste le plus violent qui soit à mon sens.

                Le premier souvenir de tentative de suicide que j’ai remonte à mes six ans. Ici, je ne m’étendrais pas sur les raisons, elles restent très floues… Je me souviens pourtant très bien de la scène finale, cinématographique :rentrant en pleurs dans ma chambre, j’avance vers la commode laquée blanc. Je me baisse pour ouvrir le dernier tiroir, où sont les gants, les bonnets, et mon écharpe préférée. Elle aussi est blanche, en fin lainage, ornée aux deux bouts de jacards roses et bleus pâles. Je pleure, sans discontinue, en faisant le moins de bruit possible, étouffant mes pleurs . Je m’allonge sur le lit, respire un bon coup, fixe l’ampoule éteinte au plafond. Dans la demi pénombre des volets mi-clôts, je noue l’étoffe à mon cou et commence à serrer, j’ai fait le tour .

La vie ça à l’air pourri, tout l’amour autour de moi ne suffit plus, à 6 ans l’avenir ne me donne pas envie, ça à l’air tout pourri la vie même quand t’es grand. Pourtant, mes parents aujourd’hui s’aiment encore, sincèrement ! Je ne fais que suivre leur modèle de couple. Mais à 6 ans, je suis gros. J’aime pas le foot, j’ai que des copines, je joue à la corde à sauter, et j’aime trois trucs dans la vie : la journée du mardi gras à l’école, la kermesse, et le spectacle de fin d’année. Je suis plutôt bien à l’école. Les instit’ ont l’air de m’apprécier, honnêtement. Je suis ni super bon, ni super mauvais. Je sais que j’ai des capacités, on arrête pas de le dire à mes parents. Pourtant, moi je trouve que je suis un ptit gros fénéant qui voudrait faire des trucs qui sont pas fait pour lui . Je vois bien que tout ce que j’aime, c’est ce que les adultes appellent des « passe-temps ».

Pourtant, je n’irais pas jusqu’au bout : « et si ça rate, et qu’on me retrouve entre deux, si  ma mère rentre avant que se soit fini… »

 

 

Et puis ça a continué, pas une fois par an, mais presque. Un jour plus rien ne tient. La cause : un déclancheur de merde sur un édifice fragile.

-A onze ans, je découvre que les mecs me font bander … parce que je bande !

-A treize ans, première séparation amoreuse…

-A quinze ans, le dernier mec qui m’a dragué à fini par me violer…et je n’arrive pas à devenir hétéro !

-A dix-huit ans, premières grosses galères financières, contre vents et marrées je fais ce que je veux, mais ça coûte trop cher, alors régresser ou s’arrêter au top ?

Quatre petits exemples qui ont pour moi passé le cap de prescription…

S’il ne reste que quelques taboos, celui-ci en est un par excellence ! Le suicide !

 

Dans cette mise en scène, pourtant deux personnages.

Tout le fruit des ans.

Moi et l’Autre qui m’est indisociable.

 Qui est-il ?

je cherche…